Pour la 8e édition de l’événement Digital Health Connect, qui inaugure cette année son nouveau format: 100% digital, le Professeur Henning Müller, responsable de l‘unité eHealth à la HES-SO Valais-Wallis partagera sa vision du potentiel d’innovation et de la valorisation des données de santé. Découvrez son interview.
A l’occasion de l’événement Digital Health Connect à venir, le Professeur Henning Müller nous a accordé une courte interview sur ses recherches en cours :
Pourriez-vous nous dire en quelques mots le sujet de votre présentation lors du Digital Health Connect ?
Je vais présenter les résultats d’un projet de recherche, nommé ExaMode, que nous coordonnons à Sierre. Financé par l’Union européenne, il traite de grandes quantités de données histopathologiques pour trouver des modèles dans ces images aidant les médecins à prendre leurs décisions.
Pourquoi développer une nouvelle méthode pour analyser des images histopathologiques ? Quel est le bénéfice pour le patient et les praticiens ?
En utilisant les outils que nous développons, les cliniciens obtiendront des informations plus précises sur les endroits à regarder ( il s’agit de très grandes images : 100’000×100’000 pixels ! ). Ils pourront observer plus de détails pour juger de la sévérité d’un cancer, par exemple. Cela permettra un gain de temps précieux par rapport à la pratique actuelle et une prise de décision plus sûre, basée sur des mesures quantitatives. La prise de décision sera rendue moins subjective, fondée sur des données solides.
Quels sont les défis de ce projet ?
L’un des défis de tout apprentissage automatique (machine learning) demeure dans le faite que les modèles de haute qualité nécessitent des données nombreuses et bien renseignées. Celles-ci sont coûteuses à obtenir, car les cliniciens doivent s’en charger et, souvent, il n’y a tout simplement pas d’experts disponibles pour annoter ces données. C’est pourquoi, nous examinons de grandes quantités de données avec des libellés peu précis, par exemple des images avec des rapports sur les structures vues dans l’image, mais sans annotations locales. Ces données sont disponibles en grande quantité, mais il est beaucoup plus difficile d’en extraire les parties essentielles.
Qu’espérez-vous obtenir à la fin du projet ?
Nous espérons qu’à la fin du projet, nous aurons créé plusieurs grandes sources de données basées sur des données publiques, provenant de la littérature biomédicale et des données cliniques des hôpitaux participants. Nous espérons plusieurs percées scientifiques dans l’apprentissage automatique (machine learning), à partir de données faiblement qualifiées et de la sémantique qui en découle. Nous avons également deux entreprises participantes qui sont en train de développer leurs produits dans le cadre du projet et seront certainement commercialisés d’ici la fin du projet. Tout cela aidera bien sûr les cliniciens à prendre de meilleures décisions et à être plus efficaces et, en fin de compte, les patients seront traités de manière optimale.
Sur quels autres projets de recherche travaillez-vous pour exploiter le potentiel d’innovation des données sur la santé ?
Il y a trop de projets et d’idées pour les énumérer tous. Nous étudions actuellement les données d’imagerie du COVID-19 pour mieux comprendre la maladie, son évolution et éventuellement développer un dépistage et une prédiction précoce de la gravité. La plupart de nos projets utilisent des données multimodales, c’est-à-dire des données provenant de nombreuses sources, que nous avons combinées pour pouvoir prendre des décisions intelligentes en radiologie, en ophtalmologie, en histopathologie et aussi en robotique.
Focus sur l’unité eHealth
L’Institut informatique de gestion de la HES-SO Valais-Wallis compte 60 collaborateurs dont une vingtaine est rattachée à la santé digitale (ou eHealth). Ils prennent part à de nombreux projets financés par la Commission européenne, gage de l’excellence des compétences développées au TechnoArk de Sierre. Depuis plus d’une dizaine d’années, l’unité travaille sur ce domaine de pointe et se spécialise principalement dans la recherche et l’échange d’informations médicales, dans l’analyse de celles-ci ainsi que dans l’aide à la décision du personnel médical et du patient.
Professeur d’informatique de gestion à la HES-SO Valais-Wallis à Sierre, depuis 2007, le Professeur Henning Müller est, depuis 2011, responsable de l’unité eHealth. Cette unité a pour but d’améliorer les services aux utilisateurs que ce soit en termes de fiabilité de l’information, de commodité d’utilisation et de prévention des risques.
Quelques mots sur le Professeur Henning Müller
Ces dernières années, Henning Müller a été coordinateur du projet EU Khresmoi, coordinateur scientifique du projet EU VISCERAL et initiateur du benchmark ImageCLEF. Entre 2015 et 2016, Henning a été professeur invité au Martinos Center de Boston (USA), qui fait partie de la Harvard Medical School, pour se concentrer sur les activités de recherche en imagerie médicale et en évaluation de systèmes. Actuellement, il est coordinateur du projet européen ExaMode et membre du Conseil national suisse de la recherche. Il est l’auteur de plus de 600 articles scientifiques, avec plus de 15 000 citations et fait partie du comité de rédaction de plusieurs revues à travers le monde.
Ses axes de recherche sont la récupération d’images médicales basées sur le contenu, l’évaluation de la récupération d’images et de l’information, la récupération d’informations multimodales combinant signaux/images avec contexte de données textuelles/structurées, le eHealth, l’interopérabilité sémantique, et finalement le traitement et l’analyse des données 3D.
>> Dès le 29 mai 2020, vous pourrez accéder sur le site www.digitalhealthconnect.ch à des conférences pré-enregistrées inédites proposées par des orateurs de renom, dont le Prof. Müller.